Aujourd´hui je suis sortie de Madrid pour aller rendre visite à Roberto à Majadahonda. Je m´amusais à prononcer ce nom - qui en jette pas mal en fait - à chaque fois qu´il me disait que finalement, eh bien non, il n´allait pas sortir en boîte, il allait rester avec ses amis là-bas là, à Majadahonda. Me laissant légèrement furieuse et associant le nom du village au fait de ne pas voir mon ami. Et enfin j´ai fini par y aller, dans cet endroit inconnu où il pleut quand il ne pleut pas à Madrid. Je savais que c´était au nord, que le village avait une réputation de "pijo" et qu´à chaque fois que Roberto rentrait chez lui, il disparaissait dans les finfonds de la gare routière de Moncloa, vers là où je ne mets jamais les pieds.
Après 20 minutes de bus, j´ai découvert des bâtiments modernes, une zone piétonne animée, des magasins, une ambiance familière. Le tout placé sur une sorte de plateau, on surplombe Madrid - j´aime le sentiment d´avoir échappé à la ville et de changer de perspective. D´ailleurs dans le bus j´étais la seule à me faire des torticolis en essayant de jeter un regard à la silhouette de Madrid qui commence à se dessiner au fur et à mesure que l´on s´éloigne. J´étais toute contente de découvrir un petit bout d´Espagne hors de la capitale!
Je n´ai en fait rien découvert de spéctaculaire, j´ai surtout été frappé de voir les mêmes scènes du quotidien, les mêmes préoccupations régner, juste dans un décors différents, à la sauce espagnole. Le bar tabac, la sortie du supermarché, la terrasse du café. Les gens qui s´interpellent, discutent un moment, puis reprennent leur chemin. Les plaintes au sujet de la température, les jeunes aux coupes de cheveux ratés, les mères et filles. Bizarrement quelque chose d´aussi évident m´a paru digne d´être souligné. Je me suis sentie tout d´un coup rassurée. Car la peur ou tout du moins la méfiance face à l´inconnu sont toujours présents, même chez les esprits les plus ouverts et curieux et ce n´est pas si simple de franchir le pas et de se défaire de son propre bagage au moment de rencontrer l´autre. Il faut véritablement entrer dans un pays, connaitre les gens et leurs vies pour tout d´un coup se rendre compte que sont plus nombreux les aspects qui nous rassemblent que ceux qui nous différencient. Cela semble banale, mais j´ai parfois l´impression que trop de gens restent dans leur position de visiteur et ne se donne pas le mal de "changer leur lunettes". Une autre langue, pas le même sandwich que d´habitude, pas à la même heure que d´habitude et en plus une manière de parler d´une voix forte à tout bout de champ - voilà le portrait de tout un pays dressé en un rien de temps. Il est tout à fait possible de passer une année entière à Madrid à penser de la sorte, à décortiquer les petites habitudes du pays de manière critique et cynique, s´empêchant ainsi de les vivre pleinement.
Tout cela pour dire que j´ai adoré mon excursion et que je me sens de plus en plus à l´aise ici en Espagne. Nostalgie, te revoilà.
Buenas noches.
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