AU MOINS ON SÈME
02/2009 - 01/2014

© camille



Après 5 ans d'existence, au moins on sème tourne la page.
Les poèmes d'hier et ceux de demain sont ici.

Nach 5 Jahren ist nun Schluss mit au moins on sème.
Die Fortsetzung, oder so etwas, hier.


MERCI.



Thursday, March 22, 2012

demain

*
j'arrive

printemps

Printemps est un terrain miné
n'avance pas sans être accompagné
après tu t'étonnes que ça détonne
quand tu exploses tous les quatre matins

détonation aux premiers rayons **:!!#``!!?!!*#//!-

Printemps est passé
il en a laissé sur le pavé
maintenant c'est la criée 
un corps un cœur encore un lot à gagner

révérence

*
ce qui me frappe le plus chez lui, c'est son souffle, sa fluidité
les mots coulent et sont si parfaitement justes
une précision du son et du sens qui est d'une élégance à toute épreuve

comme un cheval échappé

Jeunes gens le temps est devant vous comme un cheval échappé
Qui le saisit à la crinière entre ses genoux qui le dompte
N'entend désormais que le bruit des fers de la bête qu'il monte
Trop à ce combat nouveau pour songer au bout de l'équipée

Jeunes gens le temps est devant vous comme un appétit précoce
Et l'on ne sait plus que choisir tant on se promet du festin
Et la nappe est si parfaitement blanche qu'on a peur du vin
Et de l'atroce champ de bataille après le repas des noces

Celui qui croit pouvoir mesurer le temps avec les saisons
Est un vieillard déjà qui ne sait regarder qu'en arrière
On se perd à ces changements comme la roue et la poussière
Le feuillage à chaque printemps revient nous cacher l'horizon

Que le temps devant vous jeunes gens est immense et qu'il est court
A quoi sert-il vraiment de dire une telle banalité
Ah prenez-le donc comme il vient comme un refrain jamais chanté
Comme un ciel que rien ne gêne une femme qui dit Pour toujours


Aragon, extrait de La Beauté du Diable

20°C

*
spring
SPRING
S-P-R-I-N-G

Tuesday, March 20, 2012

/

*
träumt schön viel

libre

ce qui compte, on donne sans compter,
sans contrer ou calculer,
en contre sens de l'obligation.

par exemple un baiser

bien convoité
en retour d'un voyage
convoi de choses chargé
que l'on ne dit pas

pas de baiser obligé -
un baiser reste léger
et reste encore

parce qu'il était
libre léger léger

herzhaft

*
unterwegs von coburg nach paris, einmal quer durch deutschland
hand aufs herz und herz aufs brot

der inselpunkt

Ich bin wieder einmal am Inselpunkt angekommen. Das ist der Punkt, an dem man sich nichts sehnlicher wünscht, als für mindestens einen Monat auf eine einsame Insel versetzt zu werden. Immer dann, wenn das Vorstellungsgerüst, dass man sich zu seinem Leben ausgedacht hat, anfängt zu wackeln. Wenn der Film, den man sich zu seinem Leben denkt, anfängt zu hängen, Risse bekommt. Wenn ich mich selbst vor Augen sehe und nicht mehr weiss, was genau ich hier eigentlich treibe oder wohin. Wie geht man um, mit so einem Inselpunkt? Man fährt wirklich auf eine Insel. Guernesey bitte wäre jetzt gut. Oder man überwindet ihn. In dem man sich Zeitstrände freilegt. Hängemattenmomente einlegt, sich überhaupt hinlegt und überlegt, wie man die Karten neu legt. Und dann regt sich hoffentlich wieder etwas in einem. (Am Inselpunkt hängt man am Reim wie im Leim)

Saturday, March 10, 2012

margarete

Oma Margret, Margarete - une oma bouton d'or, ronde et rebondie, col de corsage bien boutonné jusqu'en haut, collier d'ambre, cheveux blancs, peau riche et lisse, des lèvres lisses et roses qui trempent dans le café, odeur de stollen, de krapfen, de klösse dans sa cuisine, meine oma allemande, petite sur ses jambes toniques, son pas comme son écriture, chaloupé, des lettres à petits coeurs, liebe cami, liebe oma, penchée sur ses fleurs ou des herbes à enlever, bien empaqueté dans sa veste matelassée, on la prend par le bras, on a encore grandi, petite avec elle à la messe, elle est fière de m'emmener, je la vois heureuse, la seule à ne jamais chanter, à bouger les lèvres, dans les bancs bondés de l'église avant noël, elle me fascine parce qu'elle y croit, au bon dieu, à tout ça, au petit ramoneur porte bonheur piqué dans un trefle à quatre feuilles sur le rebord de la fenêtre. oma bonne vivante, hefeweizen und rouladen, oma qui donne son sang, oma rouge spd, oma part en bus boire du café dans des villages de montagne avec ses amis, butterplätzchenoma, osterbrunnenoma, oma aimée de tous et de nous, paisiblement endormie parmi les anges, je t'embrasse ---

Friday, March 9, 2012

every now and then

*

ô poète

Quelque chose noir, Jacques Roubaud

Je vis sa poésie comme un choque. Un concentré de force qui touche dans le mille. Je n'en reviens pas que quelqu'un puisse trouver, librement parfaitement justement arranger les mots de la sorte - c'est un virtuose. On se dit, comme pour presque tout, que chacun a accès au même capital de départ, un corps, des notes de musiques, un alphabet... Mais il y a toujours ceux qui en font des choses presque surnaturelles. Ils dépassent tout, réinventent tout. On ne lit pas on inhale ses poèmes, impression de capter les vapeurs de sa composition, de son processus d'écriture. Les mots, entre les mots, les lignes, entre les lignes, un tout majestueux qui résiste aussi à l'examen du moindre détail, zoom avant, zoom arrière, interieur, exterieur, autres univers. Un corps, un esprit tellement en vie! Peut-être si intense parce qu'il côtoie dans ce recueil la mort, le rien, le noir. Pourtant jamais ses mots ne plombent. Sublime.

Monday, March 5, 2012

24-25


dreams burn but in ashes are gold

Sunday, March 4, 2012

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*
by lucie mcrae

à l'horizontale

n.b. Le réel remonte à la surface. Il est superficiel ou il s'efface.

    la poésie des superficies

    des mots sur le papier et des mains sur la peau
    se promènent à l'horizontale
    des mondes aux fines frontières où on tente le passage
    pas d'ancrage pas de ciel, juste ces étendues à emprunter
    milieu de tout et de rien
    mille lieux à portée de main
    des repères teintés d'humeurs étalées
    il y a du monde en voyage qui le long des lignes se presse d'exister